Pour Emmanuel Macron, tout n’est pas politique et la politique ne peut pas tout. Son libéralisme intégral lui rappelle les limites de la loi face au temple sacré de la conscience. Et il sait que la vie humaine ne se manipule pas avec la même autorité qu’une norme fiscale. Cette conviction guide sa réflexion sur l’ensemble des questions de bioéthique. Président de tant de certitudes, il revendique en la matière la prudence. Et fait l’éloge du doute: pas l’hésitation mais le doute méthodique vanté par Descartes. Celui qui préserve du diktat ou de la fuite en avant. Sur la PMA, thème qui a dominé les débats durant les quatre mois des États généraux de la bioéthique, Macron a donc un avis – favorable – mais s’interdit l’oukase. Ni ordonnances, ni 49-3, sur un sujet si sensible.
Certes, l’ouverture de la PMA aux femmes seules ou aux couples lesbiens était dans ses engagements de campagne. Et les plus militants de sa majorité ne se privent pas de le lui rappeler. Et c’est un fait que le respect scrupuleux de ses promesses de campagne est l’argument qu’il met lui-même le plus en avant. Mais le chef de l’État aime à rappeler qu’il avait pris aussi des «engagements de méthode» et que ceux-là ne comptent pas moins que les premiers.
Et la méthode, c’est rechercher le consensus, autant que possible, et sinon, «accepter le dissensus» plutôt que passer en force. Et privilégier la confrontation des opinions, qu’il juge a priori toutes légitimes, à l’exception des caricatures. C’est le sens des dîners privés qu’il a organisés à l’Élysée, le 13 février sur l’euthanasie, le 23 mai sur la PMA. Quand les plus militants de ces deux causes traitent d’«intégristes» les participants de la Manif pour tous, Macron fait asseoir à sa table aussi bien Tugdual Derville d’Alliance Vita, association de défense de la vie, que Fabien Joly le président de l’Association des familles homoparentales.
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Source : Article Guillaume Tabard paru le 05/06/2018 (article réservé aux abonnés).