Les scandales des usines à bébés thaïlandaises, des femmes vietnamiennes séquestrées, de Gammy, ce petit garçon commandé par GPA et refusé à la naissance par ses commanditaires parce qu’il était porteur de trisomie 21, n’ont pas fini de faire couler beaucoup d’encre. Le 25 novembre 2017, en prévision de la journée contre les violences faites aux femmes, la Manif Pour Tous présente un documentaire sur la gestation pour autrui : « GPA, avec les meilleures intentions ».
Enquête sur les pratiques de la GPA en Asie du Sud-Est focalisée sur la Thaïlande, le documentaire associe images captées en caméra cachée et interviews officielles. Alors que le pays s’est doté en 2015 d’un cadre légal pour en réduire le nombre et la clandestinité, où en sont les pratiques de GPA en Thaïlande aujourd’hui ? La législation suffit-elle à mettre fin à une pratique qui met à mal la dignité des femmes et le respect des enfants ?
L’avocat, maître Koompraphant, ancien directeur du Centre de protection du droit des enfants, affirme ne plus avoir connaissance de l’existence de GPA illégales depuis l’entrée en vigueur de la loi, tandis que le docteur Pruksananonda, gynécologue obstétricien, directeur du service de médecine reproductive de l’hôpital de Chulalongkorn, pense que les agences privées qui s’entremettaient entre les clients et les mères porteuses ont cessé toute activité et qu’il est désormais impossible de rentrer en contact avec l’une d’elles. La volonté du gouvernement de s’opposer à ce que « la Thaïlande et l’utérus des femmes thaïlandaises soient la plaque tournante mondiale » (propos d’un député thaïlandais), est louable et aurait permis le passage d’environ 4000 à 200 GPA par an. Mais qu’en est-il vraiment ?
La Manif Pour Tous a infiltré avec succès l’une de ces agences illégales, New Genetic Global, en utilisant le profil fictif de Valérie. D’entretiens en rendez-vous, Valérie nous permet d’apprendre « qu’il n’y a aucun problème avec la législation », que l’embryon conçu sera expertisé par le prélèvement et l’envoi de cellules aux Etats-Unis, puis cultivé au Laos où la mère porteuse sera envoyée pour l’implantation. Valérie se voit proposer une promotion « Bring your own eggs », et une sélection de trois profils de gestatrices entre lesquels choisir. Mais leur identité compte peu, explique l’intermédiaire, elles sont indifférentes. Catalogue en ligne, réduction, acomptes… les agences prennent leurs dispositions pour s’adapter à la nouvelle législation et poursuivre leur commerce de bébés sans trop d’encombres. Les négociations du contrat sont sans état d’âme pour les personnes : la mère porteuse n’est que le maillon d’une chaîne, l’enfant, simple marchandise, objet d’échange, n’est jamais évoqué.