Tribune Christian Flavigny, pédopsychiatre, psychanalyste, expert agréé pour l’adoption (93 et 56), membre du groupe de travail-Famille de l’Institut Thomas More (1). Il estime que le futur projet de loi vide encore un peu plus l’adoption de l’essentiel pour sécuriser un enfant.
Le projet de loi en prochain débat parlementaire va-t-il insécuriser un peu plus l’adoption, à la raison affichée par sa rapporteure, la députée Monique Limon, de la “déringardiser” ? L’oriflamme affichée de répondre à “l’intérêt supérieur de l’enfant” est fallacieuse, véritable imposture ; il omet que cet enfant qui n’a pu devenir l’enfant de ceux qui lui ont donné naissance, est plus encore que tous les autres enfants dans le besoin d’établir sa raison d’être au monde depuis une cohérence symbolique de sa venue dans sa famille.
C’est pourquoi l’adoption plénière votée en 1966 avait prévu que les parents adoptants forment un couple dont la relation porte l’enfantement, même non concrétisé du fait d’un aléa organique, afin qu’elle forme le socle fondant la vie psychique de l’enfant, établissant sa place comme fils ou fille de ses parents. Aussi la loi réserva l’adoption aux seules unions témoignant de partager l’enfantement, donc celle d’un homme et d’une femme en âge de procréer et rendant crédible leur motivation lors d’un processus d’agrément. Le mariage était une condition requise (la possibilité d’adopter “en tant que personnes seules” fut conservée aux “marraines de guerre” par un amendement censé être de court terme) : c’est que le mariage était compris en sa fonction de préparer un couple à la mutation symbolique majeure qu’est le fait de devenir parents. L’adoption fut ainsi établie comme une filiation en une cohérence repérable pour l’enfant, dans la même dynamique familiale que pour tout enfant.
(1) Auteur de Le Débat confisqué – PMA, GPA, bioéthique, genre, #metoo, Salvator, 2019
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