Manifestation contre la PMA pour toutes : « Les organisateurs ont mis en place une stratégie de renouvellement »

Publié le

Dix-sept associations et collectifs proches de La Manif pour tous ont défilé contre la PMA étendue à toutes les femmes, dimanche, sous la bannière « Marchons enfants ». Le cortège, dense, concentrait la base militante du mouvement, malgré un renouvellement des codes.

 

Avec sa bannière rouge et verte, « Marchons enfants », qui rassemble des associations et collectifs proches de La Manif pour tous, a mobilsé 74 500 personnes lors d’un défilé contre l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, dimanche 6 octobre à Paris, selon un comptage indépendant. Le cortège, parti du Jardin du Luxembourg pour arriver au pied de la Tour Montparnasse, a galvanisé les participants, estime Yann Raison du Cleuziou. Ce maître de conférences en sciences politiques et spécialiste des mouvements catholiques décrypte pour franceinfo cette mobilisation et ses suites éventuelles.

 

Franceinfo : La mobilisation de dimanche a-t-elle été plus forte que prévu ? 

Yann Raison du Cleuziou : Ce qui est sûr, c’est que c’était une très grosse manifestation. J’avais également suivi la dernière Manif pour tous, en octobre 2016. A l’époque, la police annonçait 24 000 participants. Là, on était largement au-dessus. Il semblerait que la mobilisation se soit mise en place quelques jours avant le défilé. Malgré la pluralité de collectifs, le cortège était très homogène : on croisait surtout des catholiques pratiquants, venus en groupe pour la plupart. Mais cette fois, le public était très jeune. Il faut savoir que les causes de ces mobilisations sont structurelles, elles ne vont donc pas s’évaporer ni changer du jour au lendemain.

Contrairement à la mobilisation contre le mariage pour tous, les manifestants ne visaient pas directement le gouvernement. Qu’est-ce que cela signifie ?

C’est effectivement une grosse nouveauté. Il n’y avait pas de dimension politique dans le cortège. Le gouvernement actuel n’était pas contesté, alors qu’en 2012-2013, les voix s’élevaient contre François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem ou Christiane Taubira. C’est assez logique : en 2012, près de 80des catholiques pratiquants avaient voté pour le candidat Nicolas Sarkozy, alors qu’en 2017, une majorité a voté pour le président élu, Emmanuel Macron [62% selon un sondage Ifop pour La Croix et Pèlerin]. On sentait bien que le cortège n’était pas hostile au chef de l’Etat. Au contraire, les manifestants étaient très prudents sur ce sujet. Ils voient même de bonnes choses dans sa façon de gérer le pays, hormis sur les questions familiales. Là, tout le discours portait sur la valorisation du modèle familial hétérosexuel et sur les « orphelins de père » que seraient les enfants nés d’une PMA dans une famille homoparentale. Il n’y a pas eu d’attaque politique frontale, ce qui crée également une confusion.

Lire la suite sur le site de France Info