FIGAROVOX/CHRONIQUE – La bioéthique exigerait autre chose qu’un débat précipité transformé en guerre éclair dans un contexte post-pandémique.
La fébrilité médiatique qui a entouré le remaniement ministériel conduisant à quelques nominations ubuesques ne surprendra pas vraiment ceux qui sont familiers des mœurs du milieu des commentateurs politiques, qui n’aiment rien tant que spéculer sur le destin avorté des uns et l’ascension inattendue des autres. Dans cette dernière catégorie, on trouve évidemment Éric Dupond-Moretti, qui hier encore balayait du revers de la main la simple possibilité de son passage en politique et qui aujourd’hui se retrouve ministre de la Justice et garde des Sceaux. On pourrait se demander pourquoi il va se perdre dans cette galère, dans un rôle qui semble si peu lui convenir. Quoi qu’il en soit, il est appelé à se construire politiquement sur le terrain bioéthique, qui revient ainsi au cœur de l’actualité, ce qui rappelle que le macronisme est un progressisme sociétal.
Le principe de précaution ne devrait pas s’appliquer exclusivement aux préoccupations environnementales
Que la question bioéthique soit complexe, tous en conviennent. Elle exigerait autre chose qu’un débat précipité transformé en guerre éclair dans un contexte post-pandémique. C’est moins l’urgence qui devrait inspirer le législateur qu’une prudence attentive à la diversité des points de vue, en se rappelant que le principe de précaution ne devrait pas s’appliquer exclusivement aux préoccupations environnementales. Apparemment, les fondements anthropologiques de la société doivent se dissoudre dans la logique des droits, et le simple fait d’avancer quelques réserves devant son déploiement justifie la diffamation du contradicteur qui deviendra le «phobe» du moment. Il semble désormais impossible d’aborder les questions sociétales sans basculer dans ce piège rhétorique qui vide la politique de sa substance. Le progressiste n’aime rien tant que faire passer chacune de ses réformes pour une sortie des ténèbres par une humanité à la conquête de sa pleine autonomie.
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