Pénurie de sperme, file d’attente… Les incertitudes de la «PMA pour toutes»

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DÉCRYPTAGE – Dans un contexte de rareté des gamètes, les conditions d’application de cette réforme sociétale suscitent l’inquiétude de médecins et d’associations.

C’est l’inconnu du projet de loi de bioéthique. Le moment où le débat d’idées se confronte à la réalité. Alors que l’Assemblée nationale doit procéder ce mardi au vote définitif de la «PMA pour toutes», comment cette promesse va-t-elle s’appliquer sur le terrain? Durant les années et les mois qui ont précédé cette ultime étape, plusieurs instances et sociétés savantes ont mis en garde contre le risque de pénurie de paillettes de sperme. Une inquiétude aujourd’hui partagée par certains médecins de la procréation qui redoutent le double effet de l’augmentation du recours à la PMA et de la levée de l’anonymat des donneurs.

«La PMA pour toutes est une promesse de campagne qui est sur le point d’aboutir. Mais le gouvernement vend du rêve parce qu’il n’y aura pas assez de donneurs», juge le Pr Michaël Grynberg, chef des services de médecine de la reproduction des hôpitaux de l’AP-HP à Clamart (Hauts-de-Seine) et à Bondy (Seine-Saint-Denis). «Les femmes âgées de 38 ou 39 ans ne vont pas risquer de perdre leurs chances de grossesse en attendant trop longtemps des gamètes. Elles vont continuer à se tourner vers des pays étrangers où les donneurs sont rémunérés. La France se rengorge du principe de gratuité des dons, mais la Sécurité sociale rembourse en partie ces actes effectués à l’étranger. Quelle hypocrisie!»

Pour ce spécialiste de la médecine de la reproduction, la loi a raté le coche de sa mise en œuvre en n’autorisant pas les centres de PMA privés à but lucratif à procéder au prélèvement, au recueil et à la conservation des gamètes. Leur arrivée dans le circuit aurait permis «de faciliter le don de gamètes», plaide-t-il. Une proposition repoussée par les députés en réponse aux craintes sur l’émergence d’un marché procréatif.

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