Tribune. Le 26 juillet, le projet de loi bioéthique sera présenté en conseil des ministres, il abordera notamment la « PMA pour toutes ». De nombreuses tribunes sont parues à ce sujet. Leur point commun : négliger l’intérêt supérieur des enfants ou parler à leur place. Aujourd’hui, nous prenons la parole en tant qu’« enfants » qui avons été dépossédés de notre identité biologique, que nous soyons nés de dons ou pas.
On s’enorgueillit en France d’une position rétrograde de plus en plus isolée : celle du choix de la procréation médicalement assistée (PMA) anonyme. Dans une décision de 2007 (Phinikaridou c. Chypre), la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) cite sa convention qui stipule le droit à l’identité biologique, « exigeant que chacun puisse établir les détails de son identité d’être humain », quelles que soient sa provenance, la technique utilisée pour sa conception ou encore sa structure familiale. Celle-ci n’est plus réduite à deux seuls parents, mais s’ouvre à la réalité de la multiparentalité (qui existe depuis des siècles) : il est temps de l’intégrer dans la loi pour protéger l’enfant.
Chaque parent, biologique comme éducatif, a une place unique et non interchangeable, y compris avec la « PMA pour toutes ». Ce ne sont pas les pièces d’un meuble en kit appelé « enfant ». Il est du devoir des adultes de traiter les enfants comme des sujets ayant des droits inaliénables leur garantissant d’être en possession de leur propre histoire (génétique, psycho-généalogique, etc.) et de leur intégrité. Pour un maintien de notre espace de pudeur et d’intimité, nous exigeons le droit de choisir qui mentionner (un, deux ou plus de nos parents) sur nos documents administratifs, en fonction des situations. L’administration doit nous assurer la transparence de ces différentes filiations, y compris pour les mineurs.
Car on parle de droits, mais il est temps de rappeler les devoirs qui incombent aux parents et aux adultes pour une société tournée vers la responsabilité, l’éthique et la transparence. Cela est rendu possible par les témoignages courageux d’enfants (devenus adultes), concernés intimement par la question de l’accès à leur propre identité biologique. Comment leur parole est-elle prise en compte dans les comités d’éthique ?
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