Emmanuel Le Pargneux – Marchons Enfants ! – 6 octobre 2019

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Intervention d’Emmanuel Le Pargneux, président de La Voix des Sans Père, lors de la grande manifestation « Marchons Enfants ! » du 6 octobre 2019, organisée par plus de 20 associations partenaires, contre la PMA sans Père et la GPA.

Discours intégral

Seul le prononcé fait foi

Chers amis,

Quelle émotion pour moi de vous voir si nombreux pour défendre le droit le plus fondamental des enfants, celui de connaitre ses 2 parents. J’ai entendu dire ces derniers temps que l’absence d’un père n’est pas une souffrance. Mais comment peut-on nier le vide que suit la perte de celui qui vous a transmis son identité pour vous donner la vie ? Nous, les sans père, voulons rappeler à quel point il a été douloureux pour nous de grandir sans notre père et à quel point il est difficile de ne pas pouvoir le voir, le regarder dans les yeux, de lui parler.

C’est mon cas, et si vous le voulez bien, je vais maintenant vous raconter mon histoire. Celle d’un garçon comme un autre ayant perdu son père à 13 mois après que celui-ci soit tragiquement emporté par un cancer fulgurent. J’ai eu la chance de pouvoir grandir avec une mère qui, malgré la souffrance qu’elle a éprouvé avec la mort de son mari, a mis tout son amour pour m’élever. Elle m’a apporté tout son amour de mère, et si vous me le permettez, je tiens à la remercier pour cela.

Mais comment ne pas évoquer toutes les épreuves que nous avons rencontré ? Car oui, il n’est pas facile pour une mère d’élever seule un enfant aussi insupportable que moi.

Et pour moi, quelle incompréhension/haine, à coté de mes camarades du même âge que moi étant petit à l’école primaire, de voir que ma situation familiale n’est pas la même qu’eux.

Car oui, j’ai bénéficié de l’amour inconditionnel de ma mère, ce qui est indispensable. J’ai trouvé durant mon enfance des figures masculines dans mon entourage sur lesquelles j’ai pu me référer. Mais c’est bien de mon père dont j’ai manqué. Celui qui m’a transmis son héritage biologique, celui dont je n’ai pas pu aller sur ses genoux, celui dont je n’ai pas pu parler en rentrant de l’école, celui à qui je n’ai pas pu faire de cadeau et dire « bonne fête papa » durant la fête des pères. Tout cela, je l’ai perdu pour toujours, car mon père est unique et irremplaçable.

Notre association La Voix des Sans Père, s’attache à mettre en avant ces souffrances indélébiles que nous, les sans père, ne souhaitons à personne.

Nous nous engageons à faire porter la voix de ceux qui, si nous laissons ce projet de loi se faire, vont naitre dans de telles souffrances, et dont la voix se réveillera, et face à laquelle nous devrons assumer notre responsabilité d’avoir permis cette situation.

Je refuse, au nom de la voix des sans père, que cette situation injuste, subie accidentellement pour ma part, soit créée volontairement. Je ressens pour les enfants que l’on veut faire naitre, ce qu’un grand frère ressent lorsque son petit frère ou sa petite sœur est mis en difficulté.

Je refuse que l’on prive ces enfants de ne pas savoir d’où ils viennent.