Intervention de Jean-Pier Deleaume-Myard, porte-parole de La Manif Pour Tous, lors de la grande manifestation « Marchons Enfants ! » du 6 octobre 2019, organisée par plus de 20 associations partenaires, contre la PMA sans Père et la GPA.
Seul le prononcé fait foi
Mes chers amis,
Nous sommes là aujourd’hui pour empêcher que des enfants naissent volontairement privés d’un père.
L’acceptation par une société d’une différence, quelle qu’elle soit, est-elle une raison suffisante pour faire des lois injustes ?
La PMA sans père porte bien son nom. Elle est bel et bien sans père.
En tant qu’homosexuel, je ne peux accepter cela. Oui, nous, personnes homosexuelles, nous sommes des citoyens à part entière. Et non, cela ne nous donne pas des droits supérieurs et surtout pas de droit à l’enfant.
Au moment où l’on s’apprête, le 20 novembre prochain, à célébrer les trente ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la France aura-t-elle l’outrecuidance de priver sciemment un enfant de ses origines et de l’amour de son père.
Si elle le fait, le gouvernement et le Président Macron porteront une lourde responsabilité historique, sociale et économique.
Nous ne défendons pas une cause personnelle, mais un devoir d’humanité vis-à-vis des plus faibles. Et les plus faibles ce ne sont pas les femmes ou les hommes adultes, qu’ils soient ou non homosexuels, comme on aimerait nous faire croire ; les plus faibles, ce sont les enfants qui naîtront de la PMA sans père.
Au moment du PACS, on nous avait dit : « Il n’y aura jamais de mariage ». Au moment du mariage, on nous avait dit : « Il n’y aura jamais de PMA sans père ». Et maintenant, on nous dit : « Il n’y aura jamais de GPA ». Qui peut encore croire à ses sornettes ? Personne et surtout pas nous ; alors que dans le même temps, en catimini, l’Assemblée nationale adopte un amendement qui permet la reconnaissance pleine et entière en France des Gestation Par Autrui réalisées à l’étranger.
Comble de la manipulation, l’exposé des motifs met sur le même plan l’adoption d’un enfant à l’étranger et la GPA. C’est un détournement scandaleux de l’adoption !
Pourquoi en tant qu’homosexuel, je me bats depuis le début au côté du mouvement social de La Manif Pour Tous. Mais je devrais même dire pourquoi depuis tant d’année, je me bats du côté de l’enfant. Parce que, nous, homosexuels, nous ne voulons pas porter la responsabilité d’une amputation généalogique pour certains enfants. Notre responsabilité est de dénoncer cette duperie.
Nommer la filiation, c’est permettre à l’enfant de se situer dans la chaîne des générations, de connaître ses racines. Comment le faire quand sur un acte de naissance figure deux fois le mot mère ? C’est tout simplement impossible !
Et demain, cela ne sera pas moins absurde de faire croire que deux hommes peuvent avoir un enfant.
Et puis, je rajouterai : pourquoi serait-ce l’enfant qui devrait se contenter d’une présence paternelle symbolique par le biais d’un oncle ou d’un autre adulte de substitution ; pourquoi ne serait-ce pas le couple de même sexe qui devrait se contenter d’un enfant symbolique par un neveu ou un petit cousin. L’équation est simple : l’intérêt de l’enfant et le désir des adultes ne sont pas compatibles. Alors qui passe en premier ? Pour nous, c’est, bien sûr, l’enfant !
En conclusion, si demain la PMA sans père devait être légalisée, je me sentirais blessé en tant qu’homosexuel. Je me sentirai manipulé par celles et ceux qui parlent injustement en notre nom.
Ne vous laissez pas séduire par le discours victimaire d’une minorité qui ne reflète en rien la réalité de l’ensemble des homosexuels. Ce n’est pas pour rien que certains ont choisi comme symbole un arc-en-ciel, c’est-à-dire une simple illusion d’optique.
Victor Hugo écrit dans une œuvre au titre prémonitoire Les misérables, je cite : « On ne sépare point un père de son enfant. »
La France, pays des droits de l’Homme doit montrer l’exemple, elle doit interdire la PMA sans père et s’engager pour l’abolition universelle de la Gestation Par Autrui.
La France, pays des droits de l’Homme se doit aussi d’être le pays du droit de l’enfant et non du droit à l’enfant.
Vive la fraternité, vive la famille.
Liberté, Égalité, Paternité.
Je vous remercie.