Natalité
La natalité, une urgence sociale
AVEC LA POURSUITE DE LA CHUTE DE LA NATALITÉ EN FRANCE, NOS GOUVERNANTS NE DEVRAIENT-ILS PAS S’INQUIÉTER DES CONSÉQUENCES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES ?
Oui, la baisse significative de la fécondité à des répercussions directes, sur nos vies, notre modèle social et la solidarité intergénérationnelle. La viabilité de celle-ci dépend de l’équilibre entre la génération qui débute sa vie, celle qui travaille et celle qui s’est retirée de la vie active.
La baisse du nombre de mariages signifie que des couples de plus en plus nombreux restent dans une situation moins sécurisante (pacs ou concubinage) qui incite moins à fonder et agrandir sa famille. C’est en tout cas ce que l’on peut conclure de la corrélation, constatée dans tous les pays occidentaux, entre baisse du taux de mariage et baisse du taux de natalité.
Cette précarité familiale se retrouve à la fin de la vie. Le vieillissement de la population et la diminution du nombre d’enfants créent des situations moins sécurisantes aussi pour les parents âgés, malades ou en fin de vie. Alors qu’il y avait encore, voici quelques années, plusieurs enfants pour s’occuper d’un parent, il n’y en aura bientôt plus qu’un, voire plus du tout.
L’équilibre de la natalité a aussi des conséquences sur notre modèle de répartition, avec la baisse, qui s’accélère, du ratio cotisants/retraités.
Le Syndicat de la Famille dénonce depuis des années la déconstruction de la politique familiale. Or, nous ne pouvons plus vivre sur le crédit de la génération de nos parents qui avait une forte natalité. Comme le dit l’adage : « la démographie, c’est le destin ».
DE QUOI CETTE BAISSE DE LA FÉCONDITÉ EST-ELLE LE NOM ?
Elle est d’abord celui d’un choix politique de François Hollande qui a fait instituer, en 2015, des différences très importantes du montant des allocations familiales suivant les revenus des parents (c’est la suppression de l’universalité de la politique familiale). L’accueil et l’éducation des enfants bénéficient pourtant à toute la société, quel que soit le niveau de vie des parents, et les familles qui s’agrandissent sont toutes impactées financièrement, aussi bien à court terme qu’à long terme, car elles sont bien en mesure de préparer financièrement leur avenir que les foyers sans enfant.
Ce fut aussi la baisse continue du plafond du quotient familial et, peut-être plus impactant encore, la répartition imposé aux couples pour le congé parental, en 2015 aussi : si la mère et le père ne prennent pas tous les deux ce congé, celui-ci est réduit d’une année entière (sur les trois années qu’il compte supposément). Comme les couples ne peuvent que rarement prendre ce congé, le nombre d’allocataires de ce congé s’est réduit de moitié depuis 2015. Cela a accru la pression sur les places de garde d’enfants alors qu’elles étaient déjà en nombre insuffisant. Cette évolution a sans doute contribué à nourrir l’accentuation de la baisse de la natalité.
Régulièrement, des politiques et des médias prétendent qu’il n’est pas possible d’établir un lien de causalité direct entre le taux de fécondité et les mesures de politique familiale. Un prétexte pour ne rien faire qui perdure depuis des années maintenant. En réalité, toute l’histoire de la politique familiale atteste du contraire.
Jusque-là, Emmanuel Macron n’a rien fait pour y remédier, malgré son appel au « réarmement démographique », une expression à tout le moins maladroite.
LA NATALITÉ EST L’UN DES ANGLES MORTS LES PLUS LOURDS DE CONSÉQUENCES DE LA POLITIQUE DE L’HÔTE DE L’ELYSÉE.
Cette baisse est aussi le fruit de la « déconstruction sociale » que notre société subit.
L’idéologie woke, l’écologie millénariste et un individualisme revendiqué incitent les jeunes à renoncer à la famille. Des médias ne cessent de mettre en valeur des mères « qui regrettent d’avoir eu un enfant », des jeunes femmes qui veulent se faire ligaturer les trompes, ou encore l’incitation à faire congeler ses ovocytes adressée aux femmes en âge de procréer. Le résultat est là, comme en atteste l’impressionnante chute du taux de fécondité à 1,6 enfants par femme.
Dévaloriser le rôle des parents, critiquer et déconstruire la filiation et la famille, laisser en jachère la politique familiale ou envisager des mesures idéologiques (comme un « congé de naissance » de seulement 6 mois au lien du congé parental qui peut aller jusqu’à 3 années), c’est affaiblir notre modèle social.
La famille devrait être mise en valeur et encouragée car elle reste le lieu d’accueil et d’éducation des enfants, et le premier lieu de solidarité entre les générations. L’État-providence n’a ni la capacité, ni les moyens de remplacer la famille !
Pour parvenir au moins à l’équilibre, il est nécessaire de considérer la natalité comme une urgence sociale et d’orienter les décisions politiques en fonction de celle-ci.
LE BILAN D'EMMANUEL MACRON
La France s’éloigne encore davantage, en 2025, du seuil de renouvellement des générations. En allant jusqu’à un déficit naturel passé en négatif cette année, la France entre dans un hiver démographique.
Si le recul de l’âge moyen des mères à la naissance est l’une des explications, les nombreuses mesures déconstruisant la politique familiale au profit d’une approche sociale (ciblant uniquement les familles pauvres) prises par François Hollande en sont une autre. Sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, cette déconstruction s’est poursuivie (à l’exception de la mesure ayant rallongé le congé de paternité).
En ce qui concerne la PMA, contrairement à ce que dit la ministre Catherine Vautrin, son faible taux de réussite et l’épreuve qu’elle représente ne peut conduire à considérer qu’elle serait une solution pour compenser le recul de l’âge moyen des mères à la naissance. Légaliser l’autoconservation des gamètes sans motif médical (loi « bioéthique » du 2 août 2021) en vue d’une PMA plus tard est un non-sens : elle conduit les femmes concernées, finalement, à ne pas parvenir à avoir un enfant alors qu’elles étaient fécondes quelques années plus tôt.
Du côté des adoptions, leur nombre poursuit sa baisse également. La réduction de la pauvreté dans le monde l’explique en partie. Le renforcement de la règlementation en la matière (Convention sur l’adoption internationale de la Conférence de La Haye), qui permet de les sécuriser, a rendu aussi l’adoption plus complexe. Le mariage de personnes de même sexe (qui a ouvert aussi l’adoption aux couples de même sexe) a conduit certains pays à mettre un stop à l’adoption de leurs orphelins par des Français.