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Contenus inappropriés en éducation sexuelle : des manuels scolaires et sites agréés sous le feu des critiques

Article paru dans le JDD du 13 octobre 2024

Une enquête révèle des contenus inadaptés tirés de manuels scolaires et de sites internet agréés par l’Education nationale.

« Faire l’amour à plusieurs » ; « C’est quoi le sexe oral ? » ; « Est-ce que je suis trans ? » ; « Comment utiliser un préservatif lors d’une sodomie ? » Depuis plusieurs années, des parents, des pédopsychiatres et des associations alertent sur le caractère inapproprié de plusieurs contenus de manuels scolaires et de sites internet à destination des élèves agréés par l’Éducation nationale. Accusés par certains médias et associations de relayer des mensonges ou des fantasmes, ils n’ont pas déposé les armes.

Le 19 septembre, le Syndicat de la famille, association fondée en 2023 dans la continuation du mouvement Manif pour tous, a fait constater par huissier ces contenus recommandés à partir de l’âge de 11 ans par les ministères de l’Éducation nationale, des Familles et de la Santé. « Cette démarche inédite était nécessaire car, lors de nos précédents signalements, les extraits concernés étaient souvent effacés ou déplacés, ce qui alimentait des accusations de fake news à notre encontre, justifie Ludovine de La Rochère, la présidente du Syndicat de la famille. Ce constat d’huissier rend les faits incontestables et prouve que ces extraits sont absurdes, inadaptés à l’âge des élèves, souvent militants et idéologiques, non conformes à la circulaire de l’Éducation nationale sur ce sujet et totalement déconnectés de la mission éducative de l’école. »

Depuis une loi de 2001, trois séances annuelles d’éducation à la sexualité sont obligatoires du CP à la terminale. Toutefois, aucun programme officiel n’a encore été élaboré, bien qu’un projet soit en cours au Conseil supérieur des programmes. En l’absence de cadre académique, ces séances sont principalement assurées par des enseignants de SVT, des infirmières scolaires et des associations agréées.

Des sections consacrées à la pornographie

Les établissements s’appuient sur des circulaires. La dernière, datant de 2018, émet des recommandations prudentes : elle précise que ces enseignements doivent respecter les « consciences », être adaptés à l’âge des élèves, éviter les aspects explicitement sexuels à l’école élémentaire et être présentés aux parents lors de la réunion de rentrée. Mais le caractère simplement indicatif et non contraignant d’une circulaire ouvre la voie à des interprétations variées et peut conduire à des dérives.

« Certains manuels scolaires contiennent des passages qui incitent les élèves à remettre en question leur identité sexuelle et banalisent les transitions de genre, ce qui peut poser un risque pour leur santé physique et mentale. Si certains jeunes se questionnent sur leur identité, ces sujets, à la fois sensibles et intimes, relèvent de la compétence des parents et des professionnels de santé, seuls à même de les aborder », affirme Ludovine de La Rochère. Elle ajoute : « Ces manuels renvoient également à des sites internet labellisés par le ministère de l’Éducation nationale, avec des contenus sur la jouissance, l’exploration des zones érogènes, ainsi que des sections consacrées à la pornographie, au chemsex, au sexe tarifé et aux relations sexuelles multiples, qui banalisent ces pratiques, voire donnent des idées. »

Petit florilège. « Pénis = homme, vulve = femme ? Parfois, ce n’est pas si simple. Aujourd’hui, on sait que les organes sexuels de naissance (le sexe) ne correspondent pas forcément à l’identité “homme” ou “femme” (le genre) ressentie par la personne » (site onsexprime.fr). « La fellation est aussi appelée “pipe”, on parle aussi de “sucer”. C’est le fait d’embrasser ou lécher le pénis. Le gland est très sensible, mais tu peux aussi embrasser/lécher tout le pénis ou les testicules […] L’anulingus, c’est embrasser ou lécher l’anus de son/sa partenaire avec la langue, les lèvres. L’anus est une zone érogène très sensible, quel que soit son sexe », (onsexprime.fr).

« Est-ce que des pratiques sexuelles peuvent s’échanger par exemple contre de l’argent, des cadeaux, voire de l’attention ou de l’amour ? Liberté ultime pour les uns, limite infranchissable pour les autres, difficile d’avoir un avis nuancé sur le sujet… » Et « la prostitution, moralement, c’est bien ? C’est neutre ? C’est mal ? À cette question, chacun jugera selon ses valeurs », (site filsantejeunes.com). « J’envoie un “nude” à quelqu’un qui me plaît parce que je pense que ça va l’exciter, mais sans lui demander. Est-ce que j’ai le droit ? » (filsantejeunes.com).

« Les relations sexuelles peuvent se pratiquer à plusieurs, c’est-à-dire à plus de deux. La plupart du temps, la sexualité se passe en duo. Mais on peut fantasmer de rajouter un troisième élément à cette composition ; on parle alors de triolisme, ou plus couramment de “plan à trois”. Au-delà de trois, on parle plus souvent d’orgies », (filsantejeunes.com).

« Les films pornographiques nous montrent une image de la sexualité peu fidèle à la réalité. Notamment des pratiques peu courantes ou “extrêmes” voire très violentes, à l’image de partouzes (ou de gangbang) où des dizaines de personnes ont des relations sexuelles en même temps. Si regarder un film peut être très excitant, ce n’est pas pour autant que tu as le désir de faire pareil ! Les acteurs et les actrices jouent un rôle alors que dans la réalité, tu dois toujours t’assurer que tous tes partenaires sont bien d’accord. Si déjà, à deux, ce n’est pas toujours facile de savoir si l’autre est consentant (et en capacité de l’être), imagine à cinq ! » (filsantejeunes.com). Notons que plusieurs de ces exemples ne sont déjà plus accessibles en ligne…

Un enjeu éducatif de fond

Le Syndicat de la famille, qui a interpellé le ministère de l’Éducation nationale et tous les recteurs d’académie en leur transmettant l’intégralité de son enquête, réclame le retrait et la refonte de ces contenus. Il demande également la remise en question des agréments accordés aux associations concernées et une révision des critères d’octroi d’agrément. « Il s’agit d’un enjeu éducatif de fond, conclut Ludovine de La Rochère. C’est aussi un sujet d’actualité, puisqu’un programme d’éducation sexuelle est en cours d’élaboration. » Que contiendra-t-il ? Rien ne filtre pour le moment.

La publication en mars dernier du préprogramme élaboré par le Conseil supérieur des programmes avait suscité l’inquiétude d’associations et de spécialistes. Ils lui reprochaient notamment d’y faire abondamment référence aux thèses du genre et d’introduire de manière trop précoce l’éducation sexuelle à l’école.

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