EXCLUSIF. Le JDD a consulté le programme d’éducation à la sexualité qui sera soumis au Conseil supérieur de l’éducation le 5 décembre. Les questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle y occupent une place centrale.
Attendu depuis plusieurs mois, le programme d’éducation à la sexualité validé ces jours-ci par la ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, ne va pas manquer de raviver les tensions. À l’approche de sa publication officielle, le JDD a pu le consulter. Prévu pour entrer en vigueur à la rentrée de septembre prochain dans tous les établissements publics et privés sous contrat, il s’appuie sur les propositions élaborées par le Conseil supérieur des programmes (CSP) et vise à rendre obligatoires les trois séances annuelles d’éducation à la sexualité prévues par la loi de 2001 pour tous les élèves, du primaire à la terminale.
Depuis la publication par le CSP du projet de programme en mars dernier, le texte a suivi le processus habituel en transitant par la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO). Chargée d’élaborer les recommandations pédagogiques et méthodologiques des programmes scolaires, cette instance, traditionnellement, intervient peu sur le fond. Normalement rapide, ce passage à la DGESCO a été marqué par une lenteur inhabituelle. « On ne peut pas attribuer ce retard à la dissolution ou au remaniement ministériel », indique une source proche de la rue de Grenelle. En effet, un autre programme, celui de l’éducation morale et civique, validé par le CSP le même jour, a été déployé dans les établissements dès la rentrée de septembre 2024.
Il se murmurait, depuis l’été dernier, que ce délai était probablement imputable à des débats houleux et des pressions exercées sur la DGESCO afin qu’elle modifie le contenu du programme. Certaines voix redoutaient également l’influence du Conseil économique, social et environnemental (CESE), dont le rapport publié en septembre dernier sur l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) avait suscité de nombreuses réactions. Des associations comme Parents en colère lui avaient notamment reproché d’introduire des concepts liés au genre dès la maternelle. L’association Juristes pour l’enfance avait quant à elle critiqué son manquement à certains principes fondamentaux, tels que la vie privée, l’intimité, la pudeur des élèves, ainsi que la primauté et la liberté éducative des parents. Elle avait déploré, par ailleurs, l’absence de prise en compte de toutes les opinions, pointant un déficit démocratique inquiétant.
Il apparaît que ces rumeurs étaient fondées…